Ce que j’ai vu aujourd’hui, c’était un homme. Un homme portant un long manteau beige et un chapeau brun aux bords un peu usés, lunettes rondes et dorées, moustache, 70 ans environ. Cet homme, il était dans le métro berlinois. Très fréquenté, mais pas bondé pour autant. Et cet homme, il se tenait debout devant les portes.
Il était de bonne humeur, fredonnait un petit air tout en se balançant de la pointe des pieds aux talons. Lorsque le métro s’arrêtait, il sortait pour laisser sortir puis entrer les autres passagers, tout en tirant son chapeau pour les saluer d’une manière enjouée – puis il venait de nouveau se placer devant la porte. Il avait suffisamment de place pour se mettre ailleurs, mais il revenait toujours devant les portes du métro.
J’ai observé ce petit manège pendant plusieurs stations, quelque peu interloquée. Pendant le trajet, l’homme fredonne, se met sur la pointe des pieds pour ensuite redescendre sur ses talons, sort du métro à l’arrêt pour laisser sortir puis entrer les autres usagers, tout en leur tirant le chapeau avec un grand sourire. Puis j’ai compris.
Son plus grand plaisir, c’était d’appuyer sur le bouton d’ouverture des portes. D’entendre le bruit pneumatique après avoir appuyé sur le bouton pour voir lentement les portes s’ouvrir. Et ainsi ouvrir les vannes à ce flot de personnes qui s’engouffrent dans le métro – grâce à lui, grâce à ce petit geste, il ouvrait les portes aux voyageurs pour leur permettre d’arriver à leurs destinations – l’autre bout de la ville, ou l’autre bout du monde, même… ?
C’était son moment à lui, son rôle, son devoir, sa mission. On percevait sous sa moustache le sourire de petit garçon et dans ses yeux l’étincelle qu’il a su garder de son enfance. Vous savez, ce moment où l’on s’émerveille de toutes petites choses et où l’on vit en toute insouciance… lui, savait encore les trouver, ces moments si précieux, même bien après son enfance. Lorsque je suis sortie du métro, il m’a tiré son chapeau et a souri. Et j’ai souri aussi…
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